Marlène Schiappa, fondatrice de l’association Maman Travaille, a brillamment animé la seconde édition des Rencontres La Parisienne en compagnie de la rayonnante Laura Flessel. Elle succède à Karine Lemarchand pour un deuxième rendez-vous autour de la conciliation vie privé/vie professionnelle avec le sport comme de clé de cet équilibre. Entourées de 2 chercheurs de l’INSEP et de l’INSERM, elles ont abordé sans tabou une problématique contemporaine à travers « le burn-out au féminin ». Sous un soleil rayonnant, ce rendez-vous confidentiel a enthousiasmé une trentaine de femmes issues du Challenge Entreprise.

La femme active, une athlète à part entière

La présence de Laura Flessel, double Championne Olympique d’escrime et maman, a permis d’établir un parallèle intéressant entre la carrière d’une sportive de haut niveau et celle d’une femme active. Laura souligne 3 ancrages dans sa vie d’athlète quelle résume sous la notion de 3P : Plaisir, Performance et Pression. Comme elle, les sportifs de haut niveau se surpassent, s’entrainent avec acharnement pour conquérir le graal Olympique que peu réussisse à décrocher. Elle est une éternelle insatisfaite et c’est probablement cet état d’esprit qui lui a permis de jamais être touchée par le Burn-out. Comme toute femme active, elle a connu des périodes de fatigues mais préfère retenir de mauvaises planifications comme origine de ses contreperformances que le surentraînement car pour elle l’entraînement doit rimer avec plaisir pour dépasser la pression.

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Ce témoignage est appuyé par celui de Yann LE MEUR chercheur à l’INSEP dont le surmenage des sportifs de haut niveau constitue l’un de ses sujets d’études. Il établit ainsi un parallèle entre les traders qui doivent prendre des décisions sous haut stress et les sportifs de haut niveau dont la charge de travail est quant à eux essentiellement physique. Ses recherches ont pour objectif d’établir des stratégies auprès des sportifs afin d’améliorer leur comportement et leur tolérance aux charges d’entrainement car le Burn-out est un déséquilibre entre les facteurs de stress qui pèsent sur nous au quotidien et ce que l’on est amène à tolérer. Ainsi, comme l’évoquait Laura FLESSEL, la clé réside dans la planification des différents niveaux d’intensité des entraînements. Cela demande alors une réflexion et un dialogue entre les chercheurs, les entraîneurs et les sportifs. Le sportif doit accepter de saisir ses opportunités. Il doit accepter de moins s’entraîner durant certaines périodes tout en se déculpabilisant.

L’activité comme solution au Burn-out ?

A l’occasion des Rencontres, Withings a mené une étude sur le «  Stress au féminin » auprès de plus de 3000 femmes actives aux Etats Unis, en France et en Allemagne et elle révèle que 47% des sondées vivent un stress élevé au quotidien. Aussi, chose alarmante, plus d’une femme sur deux avoue avoir vécu un burn-out. Ce chiffre est d’autant plus marquant qu’une large proportion des femmes touchées par ces syndromes ne l’avoue pas. Les causes de stress sont nombreuses et variées mais le travail reste la source de stress la plus importante. Ces chiffres s’expliquent notamment par les difficultés à concilier vie professionnelle et vie de famille. Mais l’activité physique apparaît pour 69% d’entre elles un moyen efficace pour réduire leur stress.

L’activité est effectivement l’un des 3 leviers dans la résistance au burn-out comme le démontre, Yann Le Meur, chercheur à l’INSEP.

 

Activité, sommeil et nutrition pour lutter contre le Burn-out

Ainsi, la clé pour lutter contre l’apparition du Burn-out réside dans l’augmentation de son seuil de tolérance. Il s’agit en premier lieu de pratiquer régulièrement de l’exercice physique car l’homme est prédéterminé pour marcher, pratiquer une activité physique va permettre une meilleure acceptation des facteurs de stress. L’activité physique est également source de bien-être et d’estime de soi (santé, apparence physique, lien social…). Le second pilier identifié est celui de la nutrition car la distribution de nos apports quotidiens énergétiques doit faire échos à notre rythme de vie. Par exemple, le petit déjeuner est fondamental dans la mesure où c’est le matin que l’on va avoir le plus besoin d’énergie. Le sport permet également de modifier nos habitudes alimentaires car il contribue à la suppression des pulsions. Enfin, le 3ème pilier, est celui du sommeil.

L’insomnie à la base d’un cercle vicieux

Ainsi, Joëlle ADRIEN, chercheur à l’INSERM sur la neurologie du sommeil, nous indique que le sommeil est réglé par 2 facteurs qui sont la pression, le besoin de sommeil et l’horloge biologique, souvent malmenée par les rythmes de travail. On néglige notre horloge biologique alors qu’elle est le chef 3d’orchestre de notre sommeil. Le premier symptôme du Burn-out, l’insomnie, est à la base d’un cercle vicieux car elle va être source d’épuisement, or nous avons besoin de sommeil, donc on dort mal et de ce fait on est encore plus épuisé. Selon lui, les montres connectées comme celles proposées par Withings peuvent aider à contrôler notre activité ainsi que notre sommeil. Toutefois, le besoin de sommeil se crée en s’exposant à la lumière du jour car c’est cette lumière blanche qui règle notre horloge biologique.

Or, durant notre travail, nous sommes exposés en permanence au spectre blanc de la lumière, via nos écrans d’ordinateurs ou encore nos smartphones. Nous devons donc apprendre à utiliser les nouvelles technologies car elles participent à perturber notre rythme de vie, notre horloge biologique et par conséquent notre sommeil. On revient à la question de la planification des rythmes de vie. Nous devons en effet remettre en cause notre façon de vivre et se poser la question de la mobilité et de l’activité durant la journée et en plein air pour profiter de la lumière naturelle. Prendre le temps de faire les choses et prendre le temps d’écouter son corps demeure le moyen le plus efficace pour lutter contre le Burn-out.

La conciliation des temps de vie : l’équation aux multiples variables

Magalie Mounier Poulat, membre de l’Observatoire de l’équilibre des temps et de la parentalité en entreprise, a pour mission de mobiliser l’ensemble des acteurs sur la question de la conciliation des temps de vie à travers la Charte de la parentalité en entreprise, signée par 500 employeurs représentants 5 millions de salariés (soit 15% de la population active).

En effet, depuis 5 ans elle a pu noter une montée en puissance de la question de la qualité de vie au travail et de la conciliation des temps de vie. Ainsi, selon un baromètre représentatif des salariés, 9 sur 10 déclarent l’équilibre des temps de vie important pour eux. Cet équilibre apparaît ainsi comme un déterminant clé en matière de satisfaction professionnelle. A noter également, l’intérêt du travail et l’ambiance comme motif de satisfaction.

A l’heure actuelle, plus d’un salarié sur quatre déclare subir la culture du présentéisme. Ces derniers se sentent davantage jugés sur leur temps de présence que sur leurs résultats. Ils sont nombreux à demander plus de flexibilité horaire. Selon Magali Mounier-Poulat, mieux concilier ses temps de vie ne veut pas dire travailler moins mais différemment. Les salariés ont besoin de se ressourcer, de bien dormir, de bien manger, de pratiquer une activité physique mais également d’avoir des liens sociaux. La mise en place de ces nouvelles pratiques nécessite un dialogue entre les managers et les collaborateurs sur la régulation du travail durant les horaires de bureau et durant les temps libres. Comme l’expliquait Laura FLESSEL, pour une femme, le rééquilibrage des temps de vie a pour but de mener une triple activité : vie professionnelle, vie de femme et rôle de mère.

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Vers un changement des mentalités ?

Le fait que les femmes soient davantage touchées par le Brun-out s’explique également par le fait qu’elles n’ont pas suffisamment confiance en elles. Elles travaillent souvent beaucoup sans rien demander en retour, en attendant qu’on leur propose une promotion. La Parisienne à travers ses coachings et séminaires sportifs propose des solutions globales aux femmes. Les coachs ne leur apprennent pas seulement à courir mais également à mieux manger, à mieux équilibrer leur vie au quotidien. Pour ce faire, ils ont été formés par des naturopathes afin de leur garantir un bien-être optimal.

Ce manque de confiance s’explique également par la peur de ne pas réussir. La philosophie de La Parisienne est de permettre aux femmes de prendre conscience de leur potentiel mais également leur redonner le goût au sport. Un cercle vertueux du bien-être se met alors en place : elles de dépensent physiquement, elles ont envie de manger mieux et par conséquent elles dorment mieux. Comme l’explique Jennifer AKNIN Directrice de La Parisienne, « elles ont osé » et cela actionne de nombreux leviers en termes d’estime de soi.

L’estime de soi, le point de départ du bien-être ?

Comme l’explique Anne Thévenet-Abitbol, fondatrice du programme EVE, elle souhaite que les femmes sachent davantage ce qu’elles veulent et qu’elles sachent l’exprimer. Son leitmotiv : « Oser être soi pour pouvoir agir ! ».

Elle part du constat de base que lorsque qu’un nouveau poste se propose, les hommes vont le demander tandis que les femmes vont attendre qu’on leur propose. Elles ne vont pas forcément avoir confiance en elle et en leurs capacités. A la différence de leurs homologues masculins, elles se posent trop souvent la question de leur légitimité. Ainsi, si un homme possède 50% des compétences pour le poste demandé il va se dire que le reste il va l’apprendre tandis que les femmes pensent devoir posséder 80% des compétences pour se sentir légitime.

Le programme proposé repose sur un travail sur l’individu et sur le collectif en se centrant sur soi, le but étant de savoir pourquoi cela « disjoncte » entre la tête et le corps et ainsi éviter un Burn-out. Selon Anne Thévenet-Abitbol lorsque l’on réalise que dans une situation donnée on est coresponsable et que l’on a des moyens d’agir sur son sommeil, sa nutrition, son activité physique, cela rend plus fort car on est davantage en maîtrise et moins en victime.

Ces réseaux féminins qui nous veulent du bien

Madame Xiaohen Zheng, représentant BNP Paribas Mixcity, créé en 2009 par des femmes cadres de l’entreprise, nous explique que ce réseau féminin a pour vocation de faciliter l’accession des femmes à des 6postes à responsabilités mais également de promouvoir des mesures pour garantir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Mixcity compte aujourd’hui plus de 600 adhérentes sur Paris et proposent chaque année près de 60 événements sur divers sujets en lien avec les objectifs poursuivis. Il existe par ailleurs 16 réseaux Mixcity dans le monde. Ce réseau utilise également le sport et les valeurs qu’il dégage pour promouvoir l’entraide, le dépassement de soi ou encore l’ouverture d’esprit au sein de l’entreprise.

Autre réseau féminin d’importance, S’helles, représenté par Marion THILLOUD, Responsable Marketing SHELLE est un réseau également ouvert aux hommes car selon elle les problématiques développées concernent tout le monde et les femmes ont besoin des hommes pour faire bouger les choses. Pour elle, le sport permet d’établir un lien entre les femmes et les hommes. Lors de la journée de la femme ils ont organisé une conférence en présence de la championne d’athlétisme Myriam SOUMARE, cela a eu pour effet d’engendrer une grande motivation pour participer à La Parisienne mais également à des séances de coaching. Ces séances permettent d’établir une émulation au sein de l’entreprise et une meilleure ambiance de travail.

Vers de nouvelles pratiques…

Bien que 67% des femmes déclarent qu’elles ne se sentent pas soutenues ni par leur entreprise, ni par leur conjoint dans leur rôle de parent, 84% déclarent réussir à concilier vie professionnelle et vie privée malgré tous ces freins rencontrés.

Marlène Schiappa nous invite à apprendre à renoncer à un idéal de perfection. On ne peut pas être à la fois une working girl, une mère et une épouse parfaite, il faut alors faire au mieux et accepter sa situation tout en faisant le maximum pour atteindre nos objectifs.